plusieurs d'entre vous m'ont demandé qu'est-ce que le dessin automatique, en fait deux personnes, mais deux c'est plusieurs, et ça fait mieux d'écrire plusieurs,
au début c'était de l'écriture, dans plein de langues, des plans, des dessins vagues au stylo
puis peu à peu, avec les fusains, ça s'est précisé
j'ai chercher à savoir le qui, le comment et le pourquoi
pour certaines personnes, j'étais sûrement médium, et l'au delà m'envoyait des messages, bof ! que néni, je n'y crois pas, ou alors c'est que mes morts m'ont oublié, j'avoue que sur le coup j'ai eu le fabuleux espoir de pouvoir leur parler,
j'avais besoin de savoir,
en vérité les choses sont plus simples et naturelles que cela, rien d'exceptionnel,
j'ai été une enfant rêveuse, dévoreuse de livres, tout y passait, même ceux que je ne comprenaient pas, les mots chantaient, les chiffres me rendaient heureuses, les nuages étaient des lieux d'aventures, une fourmilière des personnages, les fleurs vivaient leur vie etc...
je m'endormais dans des rêves de princesses, enfin comme tous les gosses je pense, mais aussi,
j'étais très timide, mauvaise élève à ce qu'on dit, myope, très myope, ajoutés à cela une gosse petite et maigre, les années 61 à 68, une école composée uniquement d'éléments féminins, appelée école des filles, une maîtresse dont j'avais une trouille, comme on ne peut l'imaginer,
pour la première fois de ma jeune vie, je rencontrais la méchanceté,
une maîtresse qui prenait une voix stridente, quand elle s'adressait à nous les enfants du fond de classe, peut-être pensait-elle que nous étions sourdes, et bien non je n'étais pas sourde, mais j'avoue ne jamais avoir pu lui dire qu'à cette distance son visage, le tableau et le reste, et bien, c'était un peu flou,
idem dans la cour de récré
j'ai passé deux ans dans le fond de cette classe avec maîtresse terreur, et les autres ânesses, mes copines,
il y avait deux gamines algériennes qui venaient d'arriver au pays des mineurs, une gamine qui habitait en roulotte et voyageait, une gamine espagnole dont le papa travaillait dans une usine de filature,
mes quatre copines avaient un français approximatif, mais qu'importe nous parlions toutes "enfant", langage courant et peu connu:
regards, signes, silences, mouvements des lèvres, mimiques du visage, pieds sous la table, etc...
c'est ainsi que j'ai appris l'écriture arabe, à voyager depuis ma table d'école, des mots dans d'autres langues, et bien d'autres choses que cinq fillettes rangées au placard, se sont communiqués,
et de ce fait j'ai développé une certaine intuition,
tandis que "l'autre folle" brandissait mon cahier, entaché d'encre, (de si belles taches) en vociférant, j'apprenais que les intonations de voix, que les odeurs, les mouvements, et je ne sais quoi de subtil que nous dégageons, pouvaient donner des informations sur les intentions des personnes,
par la suite, bien qu'ayant une maîtresse un peut plus futée, non, beaucoup plus futée, avec qui j'ai eu des bons-points, des images, et mon retard scolaire rattrapé, j'ai continué de fonctionner de manière intuitive, bien entendu je n'en avais pas conscience, et j'ai longtemps pensé que l'on était tous fait du même moule affectif,
certains parle de sixième sens, nous l'avons tous, ça j'en suis certaine, enfoui quelque part depuis la nuit des temps, oublié, rangé, prêt à sortir naturellement,
il se révèle dans certaines circonstances, heureuses ou non, suivant la personnalité, suivant les valeurs, l'éducation, et bien d'autres choses du même genre,
il fait partie de ce que l'on ne "voit" pas et n'explique pas encore, tout comme on n'expliquait pas les maladies, les atomes et pleins d'autres trucs,
...lorsque je m'assoie dans mon fauteuil, mon carton à dessins sur les genoux, le fusain dans une main, dans la pièce sombre et le silence, les yeux fermés, je laisse aller ma main que guide mon subconscient, je ne sais ce que je dessine, des émotions sûrement, des souvenirs, des personnes croisées qui quelque part m'ont interpellée,
quand j'ouvre les yeux, dans la pénombre je vois, les traits que mes doigts estompent...
...les émotions libérées, je me sens tranquille...
quand je vous disais qu'en fait les choses sont simples,
pourquoi ai-je écrit en latin, en arabe, en anglais, en espagnol, alors que je ne connais que le français, tout simplement par ce que le cerveau humain enregistre beaucoup plus de choses que l'on ne croit et que ce sont là des souvenirs de mon enfance, non, en vérité plus de cinquante ans de souvenirs, rangés quelque part, qu'un jour un accident au travail à fait exploser, éparpillés, démultiplié,
et moi avec mes petits moyens je n'ai trouvé que cette façon, en les dessinant, de les ramasser pour les ranger, mieux qu'ils n'étaient,
car dans notre mémoire, pour peu qu'on s'y attarde, tel l'immensité de l'univers, y règne l'immensité de la pensée, mettez bout à bout toutes vos connaissances, vos émotions, vos pensées et vous serez bien surpris de tout ce que vous savez,
...les émotions libérée, je me sent apaisée...
je pose mon dessin, quand je le reprend, je laisse mon instinct me guider, mon imagination aller, pour vraiment le terminer...
et là, pour vous montrer, je joins un dessin qui n'est pas retravaillé, et je vous montrerai ce qu'il va devenir ...